Pour rendre l’Europe visible (et plus démocratique en France), revenons à une circonscription unique

J’ai parlé du manque de démocratie de l’Europe et de la nécessité de la rendre plus démocratique pour la faire accepter par les européens.

J’aimerai prolonger la réflexion sur un problème franco-français qui inclut aussi les problèmes de visibilité du débat européen: le scrutin européen, qui permet de désigner les députés européens.

 

Le mode de scrutin ne touche pas qu’aux problèmes de représentativité. C’est aussi un problème de pouvoir organiser le débat européen.

Les européennes est la seule élection où l’on va débattre des orientations politiques de l’Europe.

Sur ce point, l’élection européenne doit permettre de mettre en avant le positionnement de chaque parti politique sur la question européenne.

 

Or la loi du 11 Avril 2003 a organisé le scrutin européen par circonscription.

Disons le franchement, le résultat, à l’usage, est une véritable catastrophe.

D’ailleurs, sur ce point, François Bayrou l’avait prédit.

Pourquoi avoir changé le mode de scrutin et être passé d’une circonscription unique à 8 circonscriptions?

La raison officiel est de rapprocher le député européen du peuple.

Or, ce n’est pas le cas.

Pour l’Île de France, on a si on se réfère seulement aux têtes de liste:

• Michel Barnier (UMP/PPE)
• Daniel Cohn-Bendit(Vert/ALE)
• Harlem Désir (PS/PSE)
• Marielle de Sarnez (Modem/ADLE)
• Patrick Le Hyaric(PC/GUE)

Comme il y a 8 circonscriptions, il faut en tout apprendre, en se référant aux têtes de listes, 40 noms!

Bonjours la simplification.

Avec une liste unique, on en apprend 5 noms maximum. La tête de liste est celle qui personnifie le groupe et l’idéal, ce qui est plus facilement assimilable pour le débat européen.

 

Par la même façon, une personnification de la liste permet de savoir qui dirige. C’est la tête de liste, et la tête de liste seule (aidé par les colistiers en seconde ligne) qui s’exprimer pour parler du programme de sa listeC’est mieux pour parler du sujet de l’élection.Comme par parti, il n’y a pas une seule liste mais 8, un parti n’est pas clairement identifié pour les européenne (en général, d’ailleurs. Ça a été le cas pour tous les partis sauf les verts).

Du coup, c’est le chef du parti, préparé aux élections nationales, qui mène le débat. Inutile de dire qu’en général, le débat tourne autour de questions nationales (voir d’un éventuel vote sanction contre la majorité) et non pas autour des questions européennes.

L’élection européenne étant la seule élection (en théorie et dans la pratique) où l’on débat de l’Europe, on arrivé à un point ou à cause du mode de scrutin, on débat pratiquement plus des orientations européennes.

 

Mais la réalité est pire. Le scrutin a été modifié pour que les petits partis aient moins de sièges, et encore une fois, le mammouth UMPS rafle la mise.

Avant, pour avoir un siège, un parti devait faire 5% des voix pour obtenir un élu. Aujourd’hui, en région île de France (région qui a le plus de siège), il faut plus de 7,2% des voix pour espérer un siège.

 

Bref, pour que l’élection permette l’élection de députés européens plus représentatifs des divers courants de pensés, pour que l’élection européenne permette d’identifier la personne qui représentera un parti politique au parlement européen, pour que l’élection européenne soit le moment de débattre des orientations européennes, il faut revenir à une élection européenne avec une seule circonscription.

 

Il est par ailleurs scandaleux que François Hollande recule sur ce sujet, non pas parce qu’il est pour le système à plusieurs circonscriptions, mais parce qu’il a peur de se prendre une branlée et un vote sanction.