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J'habite Poissy après avoir habité Malakoff

[Kogoro Columbo]L’art de débusquer des cadavres par Kogoro Columbo

Avertissement: C’est connu, les grands détectives trouvent des cadavres là où l’on s’y attend le moins. J’ai revu il n’y a pas si longtemps le dernier épisode de la série Sherlock Holmes, interprété par le brillant Jérémy Brett, La boîte de carton.

Dans cet épisode, une femme reçoit une boite de carton contenant deux oreilles. On suspecte son locataire qui travaille dans une morgue (de mémoire), d’être l’auteur de cette farce.

Sherlock Holmes va tout de suite suspecter le meurtre, car il n’y a pas de formol, et que l’une des oreilles est celle d’une femme, l’autre celle d’un homme.

Il retrouvera à la fin les cadavres.

Il en est de même pour le Lieutenant Columbo qui dans les derniers épisodes trouve un cadavre introuvable dans l’aquarium d’une boite de nuit en comptant les poissons dans Columbo mène la dance.

Il en va de même pour la brillante Shimazu Kogoro Columbo. Autrement, pour le reste, c’est toujours un brouillon présenté ici.


S’il y a une personne qui a un talent inouï pour débusquer les cadavres là où l’on s’y attend le moins, c’est bien Shimazu Kogoro Columbo.

Ce talent a permis de résoudre l’affaire Stéphanie de Montpensier et de faire la renommée du cabinet Mallet Maigret.

Mais pour commencer, rappelons qui est Stéphanie de Montpensier.

Stéphanie de Montpensier était issue d’une vielle famille de la noblesse française. Elle avait, lors de sa mort, l’âge de 25 ans. Elle était blonde, et portaient toujours des habits luxueux.

Comme c’est souvent le cas dans la noblesse française, elle avait épousé Julien de Rastignac. Il s’agissait d’un riche industriel. Mais il s’était vite appauvri suite à des choix désastreux à la tête de Rastignac Entreprise. Il avait été mis en minorité au sein de son propre conseil d’administration.

Ce n’était pas le cas de sa femme. Celle-ci avait commencé à écrire un roman : « Recherche amoureux désespérément ». Les aventures de son héroïne littéraire, Jeanne Nuncigen, avait passionné des lectrices en France et dans le monde entier.

Toutes les femmes et les jeunes filles rêvaient d’être Jeanne Nuncigen, recherchant et trouvant l’âme sœur, recherchant et trouvant le prince charmant.

Son héroïne devenant un idéal féminin, Stéphanie de Montpensier décida de s’engager dans la littérature. Ainsi, chaque année, elle racontait les histoires de jeunes filles recherchant le grand amour et le trouvant au bras de l’homme parfait et idéal.

Chaque livre de Stéphanie de Montpensier touchait le cœur de lectrices recherchant l’homme avec qui il fallait vivre sa vie. Chaque lectrices de Stéphanie de Montpensier s’évadait en s’identifiant à ses héroïnes vivant le parfait amour avec l’homme de leur rêve.

Je dois reconnaître que ses romans ont souvent été pour moi grande source d’inspiration.

Mais revenons à notre affaire. Elle commença le Lundi 6 juin 2011.

Ce jour-là arriva une vielle  dame. Elle devait avoir environ 80 ans, mais elle marchait néanmoins d’un pas ferme. Elle avait un tailleur noir et un chapeau. Elle portait des perles d’une grande valeur autour du cou.

Elle arriva devant l’accueil.

Sylvie la reçue.

–        Que puis-je pour vous, madame ?

–        Je souhaiterais parler à monsieur Maigret Mallet.

–        Je vais voir s’il est disponible.

Sylvie téléphona. Puis elle répondit :

–        Il peut vous recevoir. Veuillez patientez un instant.

On mit à disposition un fauteuil dans la salle d’attente. Heureusement que Kogoro Columbo était enfermé dans son bureau. Notre crédibilité en aurait pris un coup si notre riche cliente tombait nez à nez avec l’ahurie en kimono.

Une fois que le patron en eut fini avec ses affaires, on introduisit dans son bureau notre cliente. Elle lui sera la main et elle s’assied devant lui.

Elle commença son exposé.

–        Bonjour, je m’appelle Anne de Montpensier. Je suis la grand-mère maternelle de Stéphanie de Montpensier.

–        Bonjour, Monsieur Maigret, pour vous servir. Que puis-je pour vous ?

–        Voilà, mon fils a arrangé le mariage de ma petite fille. Elle lui a soufflé le mari qu’elle devait épouser. Je n’étais pas favorable, mais c’est comme ça. Mon fils  a fait épouser à Stéphanie Julien de Rastignac. A l’époque, il avait une affaire fleurissante. Mais des choix stratégiques désastreux ont fait qu’il s’est beaucoup endetté. Il a perdu la présidence de son conseil d’administration. Ce n’est pas le cas ma fille. Comme vous le savez, elle écrit des romans qui ont un véritable succès. Elle est devenue très riche, et commence à rencontrer des hommes respectables. Je souhaiterais provoquer le divorce. Je souhaiterais que vous fassiez suivre son mari, Julien de Rastignac jusqu’au 4 juillet.

–        Je m’en charge.

–        Bien, affaire entendue.

Et c’est ainsi que le soir, je fus chargé de suivre Julien de Rastignac.

Je commençais l’enquête à Saint Maur des Faussés.

Stéphanie de Montpensier y habitait une somptueuse maison. Elle y collectionnait les statues de plâtres qu’elle exposait dans son jardin. Il y avait entre autre Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre, ou Diane, déesse de la chasse. Personnellement, j’admirais la statue d’Aphrodite, déesse de l’amour.

Une pièce était allumée. C’était la salle à manger. On y voyait Julien de Rastignac et Stéphanie de Montpensier assis aux extrémités d’une grande table.

Ils mangeaient.

Planqué, je commençais mon travail d’investigation en prenant des photos.

Puis, chaque jour, je filais Julien de Rastignac.

J’avais vite obtenu de quoi faire sauter son mariage.

Il allait souvent au casino de Paris où il avait perdu une somme importante.

Côté gente féminine, il n’y allait pas de main morte. Il avait eu des aventures avec des prostituées du bois de Vincennes et il était allé dans des clubs libertins comme le Club 17 à Paris.

Il avait également emmené une riche bourgeoise à Saint-Tropez sur son yacht et je vous garantis qu’il l’avait bien sauté après une bonne fellation.

Le 13, jour où le couple installait dans son jardin une statue du dieu Ares, j’avais déjà un dossier solide prêt à faire voler en éclat le mariage.

C’était avant le weekend du 18-19 juin où il s’était tapé sa bourgeoise à Saint-Tropez.

Le schéma était d’ailleurs souvent le même. La journée, il allait chez l’une de ses maîtresses et se la tapait. Le soir, il dinait avec sa femme, et ensuite, il partait dans les clubs libertins ou au bois de Vincennes où il continuait à satisfaire ses besoins sexuels.

Le mercredi 22 juin, Mallet Maigret organisa une réunion pour faire le point sur les différentes affaires. On commença par celle de Kogoro Columbo, toujours habillée de son kimono. Elle enquêtait avec Rosa sur un vol de plans dans la société Bolloré. Ses brevets étaient liés à auto lib.

Rosa commença :

–        L’enquête sur les vols de plans n’a pas été facile, mais je propose de laisser la parole à Shimazu qui a eu l’intuition qui nous a permis d’aller chercher dans le bon sens.

–        Merci. Bien, les plans ont disparus, c’est un fait. Mais ils ne sont pas apparus ailleurs. A l’aide de Patrick, nous avons fait des recherches dans toutes les bases de données des entreprises qui auraient pu être intéressées par ces brevets et ces plans : rien. Nous avons été à l’étranger et rien. Et ce détail m’a chagriné. Pourquoi voler des plans pour ne pas les utiliser, ne pas les vendre ? Et si le but était de faire croire que on les avait volé, ou de les voler pour ne pas les vendre, pourquoi ? J’ai donc fait pirater par Patrick l’ensemble des boites mails des employés qui avaient accès à ces plans. Le directeur technique a reçu un dépôt sur un compte au Luxembourg. Nous sommes tombés sur l’un de ses mails. Nous avons vérifié cette information en piratant la base de données de la banque. En réalité, il n’a pas vendu les plans. Il avait pour objectif de les faire disparaître. Selon l’ensemble de ses mails, que nous avons décortiqué, il fera fuiter l’information à la presse. Comme l’enjeu est vital pour l’industrie automobile, l’action chutera. Nous avons fait des recherches qui nous ont permis d’identifier des groupes prêts à lancer une OPA.

–        Bien, j’ai lu le dossier répondit Mallet Maigret. Tu as fait un très bon travail. C’est très complet.

Normal pour un dossier qui fait prêt de cinq cents pages. Shimazu Kogoro Columbo a vraiment exploité Patrick.

–        Bon, fit Mallet Maigret, à toi Derrick.

–        Bien, fis-je en faisant passer les photos. On peut dire que le mariage va être annulé. Julien de Rastignac, en plus de perdre des sommes importantes au casino, a de nombreuses maîtresses. Il passe sa journée à les voir, rentre le soir diner avec sa femme, et après file dans les clubs échangistes ou au bois de Vincennes où il se tape des putes.

Les photos arrivèrent dans les mains de Shimazu Kogoro Columbo. Elle les regardait avec une tête tellement sérieuse que je me mis à l’interpeler.

–        Quelque chose ne va pas, Shimazu ?

–        Quand cette photo a été prise ?

Elle me montrait une photo où l’on voyait Stéphanie de Montpensier manger avec son mari.

–        Elle a été prise le 6 Juin.

–        Et celles-là ? Demanda-t-elle en en étalant une série.

–        Après le 13.

Elle alluma son ordinateur portable, et rechercha sur internet des photos de Stéphanie de Montpensier. Elle regarda en détail une photo de Stéphanie de Montpensier signant des dédicaces au salon du livre.

Puis elle avança les photos prises après le 13.

–        Derrick, pour quel motif vas-tu faire annuler le mariage ? Me demanda-t-elle.

–        Mais c’est évident, pour adultère. J’ai un dossier solide.

–        Je suis dubitative, car la personne sur ces photos n’est pas Stéphanie de Montpensier, c’est évident.

–        Hein, quoi, tu délires, c’est la même personne, ça se voit.

–        Pourtant je maintiens que la personne sur ces photos n’est pas Stéphanie de Montpensier.

–        Bien, fit Mallet Maigret, vous pouvez vous retirez. Shimazu, tu restes ici, je souhaiterais te parler.

Nous nous retirâmes.

J’étais content de voir Shimazu Kogoro Columbo retenu par le patron.

Au bout d’une demi-heure, je fus appelé dans le bureau de Mallet Maigret.

J’étais assis devant lui, à côté de Kogoro Columbo et son infernal kimono.

–        Bien, Derrick, tes photos sont de très bonnes qualités. Shimazu les a regardé attentivement et a remarqué un détail qui cloche. Elle pense, à juste titre pour ma part, que la personne sur les dernières photos n’est pas Stéphanie de Montpensier. Tu téléphoneras à ton ami Jack Lestrade pour qu’il puisse t’accompagner samedi 25. Tu te fieras à Shimazu, elle t’expliquera le reste.

Cette conversation m’avait halluciné. Pourquoi le patron faisait-il confiance à Kogoro Columbo. Je téléphonais donc à Jack pour lui raconter la dernière trouvaille de l’ahurie en kimono. Il acceptait de m’accompagner, curieux de savoir ce que Shimazu allait encore trouver.

Le Samedi, accompagné de Jack et de Kogoro Columbo, nous fumes introduit dans le salon de Stéphanie de Montpensier. Il y avait Julien de Rastignac.

On nous offrit à boire.

Jack commença.

–        Bien, Madame de Montpensier, cette jeune personne, fit-il en désignant Kogoro Columbo, pense que vous n’êtes pas Stéphanie de Montpensier.

–        C’est ridicule, fit la femme.

–        Que peut-on attendre d’un phénomène en kimono dis-je sur un ton moqueur.

Shimazu Kogoro Columbo sorti son kiseru, le bourra de tabac, l’alluma et en tira une bouffée.

–        Pourtant, dit-elle, je suis persuadée que vous n’êtes pas Stéphanie de Montpensier.

–        C’est ridicule, voyons, je suis Stéphanie de Montpensier.

–        Ce n’est pas vrai. Je pense que vous êtes une actrice payée pour jouer son rôle. La vraie a disparue. Mais dans un premier temps, il va m’être facile de démontrer que vous n’êtes pas Stéphanie de Montpensier.

–        Alors, dites-nous votre démonstration fit Stéphanie de Montpensier avec malice.

Kogoro Columbo prit un stylo et le lança en direction de celle-ci en criant « Attrapez ».

Elle leva son bras gauche et attrapa au vol le stylo.

–        Alors cette démonstration, fit Stéphanie de Montpensier.

–        C’est fait, répondit Kogoro Columbo, vous venez de vous trahir.

Kogoro Columbo sorti le dossier contenant mes photos. Elle commença par une photo où l’on voyait le couple manger, photo prise le 6.

–        Voyez cette photo, il s’agit de la vraie Stéphanie de Montpensier. Elle est en train de tenir sa cuillère de la main droite. J’ai donc fait des recherches antérieures.

Kogoro Columbo sorti une autre photo.

–        Il s’agit d’une photo de dédicace que j’ai recherchée moi-même. Voyez, il s’agit sans aucun doute de la vraie Stéphanie de Montpensier. Elle signe de la main droite.

Puis Kogoro Columbo sorti une photo du 14.

–        Sur cette photo, c’est vous. Vous tenez votre cuillère de la main gauche. Hors, là où la vraie Stéphanie de Montpensier est droitière, vous vous êtes gauchère. Et vous venez de le prouvez en attrapant le stylo de la main gauche. Vous n’êtes donc pas Stéphanie de Montpensier.

Julien de Rastignac applaudit.

–        Très bien, détective, brillant. Mais vous savez, ma femme veut être tranquille. Donc Sarah, qui est actrice, la remplace.

–        Je ne crois pas, répondit Kogoro Columbo. Vous allez peut-être ensuite me sortir une excuse du genre ma femme a disparue et j’engage une comédienne pour la remplacer, ou je ne sais quoi. Mais ce n’est pas la réalité. En réalité, je pense que vous avez assassiné ou fait assassiner votre femme.

Julien de Rastignac rigola.

–        Très bien, détective, mais sans cadavre, pas de preuves.

–        Vous savez, j’adore lire les polars, les regardez en film, suivre les séries. C’est ce qui a construit ma vocation. Je suis une admiratrice de Sherlock Holmes, et mon auteur préféré est Edogawa Rampo. Chaque jour, je le bénis d’avoir importé la littérature policière dans mon pays. Pour le cadavre, je ne peux travailler que par hypothèse. Où se trouve le cadavre de votre femme ? Je n’ai pas de certitudes. Peut-être ne le trouverais-je pas aujourd’hui, mais j’ai ma petite idée sur la question. Sortons dehors.

Nous sortîmes dehors. Kogoro Columbo sorti du coffre de ma voiture un carnet, une calculatrice, un mètre, un oscilloscope et un système émetteur/récepteur d’onde ultra sonore.

–        Depuis quand as-tu ce matériel m’écriais-je ?

–        Depuis que je l’ai demandé à monsieur Maigret.

Puis Kogoro Columbo alla vers la statue d’Aphrodite.

–        J’ai un film policier que j’ai beaucoup aimé dans les polars français, c’est « Poulet au vinaigre ». Le film est formidable.

Puis elle mesura le socle de la statue en plâtre.

–        Nous avons deux mètres. Soit d = 2m.

Puis elle installa son matériel.

–        Bien, le retard est de 830 µs. Donc t = 830 µs. Soit une vitesse du son de 2400 m/s. Cette mesure sert d’étalon.

Puis elle alla vers la statue d’Ares.

–        Le socle de cette statue, qui selon les photos est récente, est de 3m. Donc, comme cette statue est en plâtre, la durée attendue est de 1250 µs.

Elle effectua les mesures.

–        Et nous trouvons 2320 µs. Soit environs 1 ms de trop. Ce qui veut dire qu’il y a un moment où le son traverse un autre milieu que le plâtre.  Comme un cadavre peut-être ?

Sur ces mots, Julien de Rastignac et Sarah qui avaient suivi la démonstration de Kogoro Columbo s’enfuirent. Nous les pourchassâmes avec Jack et nous les rattrapâmes. Les renforts de polices arrivèrent rapidement. Ils cassèrent  la statue d’Ares, trouvant le corps sans vie de Stéphanie de Montpensier.

26 mars 2012 - Posted by | Littérature, Shimazu Kogoro Columbo | ,

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