Le blog de Phil

J'habite Poissy après avoir habité Malakoff

Valérie Pécresse veut augmenter les salaires, oui, mais, heu…

C’est la marotte de Valérie Pécresse, elle veut augmenter les salaires. D’ailleurs, sur les modalités, elle a souvent changé.

Je me suis dit que c’était le moment de revenir sur le sujet. Car ce sujet est important, mais que quand Valérie Pécresse en parle, on dénote plusieurs problèmes liés à LR en général et à Valérie Pécresse en particulier.

On dénote une méconnaissance de notions de base en économie, le manque de diagnostic, la démagogie LR, et le fait que LR était au pouvoir et que quand ils étaient au pouvoir, ils ont empiré la situation. Et qu’ils ne se sont pas remis en cause. Principal reproche que je fais à LR.

C’est d’autant dommageable, car le sujet est sérieux et mérite un vrai débat.

Sur le fond, Valérie Pécresse a raison.

Le travail est un état normal, et on doit pouvoir vivre de son travail. Si on travail, on doit avoir une vie décente. Mais il faut rappeler qu’elle n’est pas la seule à le dire. Emmanuel Macron tient le même discours. Donc sur la base, il est vrai que le travail doit être mieux rénuméré, mais la question est loin d’être évidente. Elle est même complexe.

La compétitivité de nos entreprises, une question clé.

Parlons du privé. Nos entreprises sont en concurrence les unes avec les autres. Elles doivent donc survivre dans une concurrence de plus en plus dure. Et qui s’est accéléré avec la mondialisation et Internet. Et face à nos concurrents, il faut être le meilleur et/ou le moins cher.

La concurrence étant sévère, les entreprises, qui ont un appareil productive dégradé, ne peuvent pas se permettre d’augmenter les salaires. C’est des coûts en plus, et des charges patronales en plus aussi, d’ailleurs.

Or, de la compétitivité de nos entreprises dépend leur survie. Une entreprise qui ferme, c’est 100% des salariés au chômage.

Donc, il faut favoriser les travailleurs, mais la survie d’une entreprise, qui doit pouvoir jouer à armes égales avec ses concurrents, notamment dans la mondialisation, c’est aussi un aspect important. On ne peut donc pas forcer nos entreprises à augmenter les salaires.

Les charges patronales, un poison

Le moment de rappeler qu’un des poisons qui empoisonne nos entreprises, surtout les PME/TPE, c’est les charges patronales.

Pour rappel, fut une époque, si un salarié était payé en salaire net x, il coutait 2.x.

Les charges patronales, associé à la non flexibilité du marché du travail, font que les entreprises, surtout les TPE/PME, réfléchissent à 2 fois avant d’embaucher, et cherchent, de fait, le mouton à cinq pattes.

A noter que François Hollande a travaillé sur le sujet (on est passé à 1,89.x) et qu’Emmanuel Macron a aussi baissé les charges patronales par ce que l’on va appeler la CSG sociale.

Notons que baisser les charges patronales ne joue pas sur le pouvoir d’achat, mais c’est un facteur clé de la compétitivité de nos entreprises.

Et il est possible de les baisser.

L’idée est de prendre un impôt qui a une plus grande base, et de transférer les charges en augmentant l’impôt choisi.

Dans les impôts choisis, il y a deux candidats, la CSG (je parles de CSG sociale) ou la TVA (on parle de TVA sociale).

Emmanuel Macron a fait de la CSG sociale. C’était dans son programme et il l’a appliqué.

Notez que dans le programme de François Fillon en 2017, il y avait la TVA sociale.

Pour ma part, je me fous de savoir si on le fait par TVA ou CSG sociale. L’importance est de baisser les charges patronales. Je l’ai écrit à maintes reprises sur ce blog.

Sur le sujet des charges patronales, la Droite LR n’a pas le cul propre.

Je fais de la politique, et c’est le moment de montrer une première contradiction de la droite LR.

Pour commencer, en tant que président, Nicolas Sarkozy n’a rien fait durant son mandat.

Il est vrai que les charges patronales, c’est un sujet qui fâche et rallie une gauche dure et idéologue, et des syndicats sectaires comme la CGT.

Au début du mandat, Jean Louis Borloo (un politique que je n’apprécie pas vraiment), avait parlé en début de mandat (c’était en 2007) de faire une TVA sociale.

Un député gauchiste notoire, un certain Laurent Fabius (PS à l’époque, président du conseil constitutionnel aujourd’hui) s’était empressé de répéter les paroles du ministre pour faire peur.

Ça avait marché, et la majorité UMP avait perdu des sièges.

Nicolas Sarkozy avait transféré Jean Louis Borloo au développement durable, et enterré l’idée d’une TVA sociale, pour la ressortir en 2012, histoire de faire un piège à con de centriste en direction de Jean Arthuis.

Enfin, en 2017, Emmanuel Macron a fait la CSG Sociale, que la droite s’est empressée de critiquer. Le problème, c’est que François Fillon en 2017 proposait une mesure équivalente : la TVA sociale. Et encore une fois, la question n’est pas le choix entre la TVA sociale et la CSG sociale, mais plutôt de savoir quand est-ce que l’on baisse ce poison que sont les charges patronales.

La question derrière : le pouvoir d’achat.

La question posée par Valérie Pécresse est en réalité celle du pouvoir d’achat.

L’article Wikipédia étant un peu complexe, on va faire un résumé du concept.

Soit R les recettes d’un ménage. Principalement, les salaires dans la vraie vie.

Soit D les dépenses du ménage.

On a l’idée des dépenses mensuelles, soit le logement, les abonnements, les impôts…

On définit le pouvoir d’achat PA par PA = RD.

Le pouvoir d’achat est donc haut si les salaires sont élevés. Mais, le pouvoir d’achat ne dépend pas que des salaires. Il dépend aussi des dépenses courantes. Si les dépenses courantes sont trop élevées, alors le pouvoir d’achat diminue.

Et parler de salaire, c’est bien, mais si c’est le pouvoir d’achat, il faut aussi parler des dépenses.

L’immobilier, notamment en IDF, c’est le premier poste de dépense des ménages.

Donc le moment de commencer à parler d’un premier vrai problème : le prix de l’immobilier (voir la vidéo du Groland).

J’en ferai un article plus tard.

Mais notons que le salaire moyen brut est de 46,5k€ en France.

En prenant des charges salariales moyennes de 25%, on arrive à 2 900€ par mois.

Selon ces données, on a :

Loyer 
18,58€/mois.m2Grande Couronne
24,86€/mois.m2Petite Couronne
37.07€/mois.m2Paris

Pour 30m2, il faut débourser 557€ par mois (un peu moins de 20%) en grande couronne, 745€ en petite couronne (un peu plus de 25%) et 1112€ à Paris (un peu plus de 38%).

On est que sur 30m2, et dans le meilleur des cas, c’est ¼ du salaire (sous-entendu que l’on soit au salaire moyen, car moi, je suis en dessous) qui part. Ce n’est pas rien.

Pour l’achat, le mieux que j’ai trouvé, c’est 7099€/m2 (ici).

Pour 30m2, on achète en moyenne à 212 970€.

Il faut ici un apport de 10% (recommandé) soit 22 000 (on arrondit).

En m’aidant d’ici, pour un crédit de 20 ans, et un taux de 1,1, je peux acheter un bien de 222 263€.

Mensualité (par mois durant 20 ans…) de … 957€, soit 33% (ça tombe bien, c’est la loi).

Tout ça pour dire que c’est des calculs à la base sur des moyennes, mais on voit bien que grâce à l’immobilier, on a beaucoup d’argent dépensé par mois. Ce sujet étant particulier, j’y reviendrai…

Là aussi, sur l’immobilier, Valérie Pécresse a fait ce qu’il ne faut pas faire.

Je ne vais pas développer plus que ça. Je parle de Valérie Pécresse, présidente de la région IDF.

En 2015, elle proposait un prêt à taux zéro pour la région.

Je ne sais pas si elle a tenu la promesse.

Mais en tout cas, c’est une idée désastreuse pour le marché de l’immobilier. Je reviendrai sur ce point.

La dette, une diminution du pouvoir d’achat.

La dette de l’Etat et plus particulièrement le déficit public, est une perte de pouvoir d’achat comme l’a martelé en 2007 François Bayrou.

Pour ma part, en 2007, je suis fier d’avoir voté François Bayrou, qui fut le seul candidat à prendre une position courageuse sur le sujet.

Notez que plus de dette, c’est à long terme plus d’impôts, et donc moins de pouvoir d’achat.

Emmanuel Macron, il a échoué sur la dette.

Soyons clair, Emmanuel Macron a échoué sur la dette. Il a fait de la dette.

Mais au départ, il avait une intention réelle de réduire la dette.

Deux évènements ont changé la donne.

Le premier, c’est le COVID. Bon, là, c’est à part.

Le second, par contre très grave, c’est les Gilets Jaunes, Gilets Jaunes que je déteste foncièrement.

Et quand on a cédé face aux Gilets Jaunes, j’ai eu honte d’être français.

Et on va payer les Gilets Jaunes.

Notons malgré tout que Emmanuel Macron a, durant son mandat, fait moins de dette que Nicolas Sarkozy.

Là aussi, sur la dette, LR n’a pas le cul propre.

Et je trouve LR bien mauvaise foi, et carrément malhonnête.

Pour rappel, lorsque le mandat de Nicolas Sarkozy a commencé, Éric Woerth, son ministre du budget, expliquait que la dette, ce n’est pas important (François Bayrou, durant sa campagne, expliquait l’inverse).

Je n’ai pas retrouvé la phrase, mais une interview où il expliquait qu’il était pour une pause dans la lutte contre les déficits (ici).

S’il y a des résultats, certes.

Thierry Breton le résume très bien : Nicolas Sarkozy a fait autant de dette que François Mitterrand, sauf que François Mitterrand a mis 14 ans, là où Nicolas Sarkozy en a mis 5.

Alors certes, il y a eu une crise sous Sarkozy, mais selon la cour des comptes, 1/3 de la dette Sarkozy est lié à la crise.

Et vous savez ce qui m’énerve dans tout ça, s’est qu’après sa défaite, Nicolas Sarkozy a eu comme bouc-émissaire François Bayrou !

Quant à Éric Woerth, depuis qu’il est dans l’opposition, il dit l’inverse.

De plus, et ça c’est un autre reproche que je fais à LR, lors des manifestations des Gilets Jaunes, qui je le rappelle a fait reculer Emmanuel Macron sur la question des déficits, je n’ai pas entendu LR condamner les gilets jaunes. Pire, certains, comme Éric Ciotti et Laurent Wauquiez les ont soutenus !

 Autre méthode pour augmenter le pouvoir d’achat : diminuer les charges salariales.

Car là, c’est directement dans la poche du salarié. La méthode est par TVA ou Sociale, on peut diminuer les charges salariales et les charges patronales. Emmanuel Macron a fait les deux.

Et sur les charges salariales, là aussi, LR n’a pas le cul propre.

Juste pour rappeler que Emmanuel Macron a fait une CSG sociale pour diminuer les charges patronales et salariales, mais que LR l’a critiqué sur ce point alors qu’en 2017, François Fillon proposait la TVA sociale pour baisser les charges patronales et salariales. Mais là, je me répète.

Pour augmenter le pouvoir d’achat on peut aussi diminuer les impôts.

Mais le sujet est compliqué. Je pense qu’il faudrait plutôt une refonte du système fiscal français.

Mais j’en profite pour rappeler qu’Emmanuel Macron à diminuer ou exonéré certains français de la Taxe d’Habitation.

Je développerai les impôts ultérieurement.

Conclusion

Les salaires et le pouvoir d’achat est un sujet complexe. J’espère avoir montré que ce sujet touche plusieurs domaines. Et encore, je ne pense pas tout avoir abordé.

Emmanuel Macron a fait de son mieux, et la moins pire des politiques possibles (d’autant qu’il a eu le COVID) là où LR est dans des postures idéologiques de mauvaise foi, et montrent qu’ils ne maitrisent ni le sujet, ni tout l’aspect économique derrière.

5 février 2022 Posted by | Politique, Politique nationale, Présidentielles 2022 | , , , , , , | Laisser un commentaire